L'horizon était là, Massinissa Selmani
Dans le travail de Massinissa Selmani, il y a au préalable une attention portée à la photographie de presse. Il la transpose en dessin, la recadre et l'ordonne avec d?autres éléments pour offrir des situations insolites, polysémiques, très ouvertes dans leur réception. Il procède la plupart du temps avec un système de calque lui permettant de travailler dans une même dynamique la composition de la scène et son agencement dans l'étendue de la feuille blanche. Un arrière fond tragique au sujet de la condition humaine est présent dans les propositions mais, toujours, l'absurde affleure et la poésie n'est jamais lointaine. C'est un travail de désamorçage de la gravité auquel s'attèle l'artiste ou peut-être un mécanisme d?autoprotection alors que ce qui nous cerne pourrait confiner à l'abattement.
Cette exposition, qui fait suite à une résidence, est l'occasion de montrer des oeuvres à la fois connues et inédites mais aussi de dévoiler des projets plus expérimentaux. L'un puise son inspiration dans un projet architectural avorté, en Afrique : un module en bois supportant des objets, des matériaux et diverses propositions graphiques, est mis en regard avec d'autres productions fixées au mur. L'autre propose un assemblage, au travers duquel, l'artiste interroge les notions de cadre et de hors-champ.
Montrer la richesse du travail de l'artiste, l'étendue des pistes travaillées, la composition particulière du dessin dans la feuille blanche et sa dynamique dans l'espace de la monstration constituent les intentions de l'exposition présentée à la Maison Salvan. Bien entendu, ce titre renvoie aux thématiques abordées par l'artiste mais il s'adresse certainement aussi à lui-même : le dessin n'est pas affaire de canons disciplinaires mais un territoire de création artistique à défricher, à étendre...
Paul de Sorbier, directeur
L'horizon était là- Exposition personnelle
Maison Salvan, Labège