Présence
17 Octobre - 14 Décembre 2019
Image : 21 x 33 cm chaque
Abito-Contenitore, réalisé en 1970, fait partie des travaux de début de carrière de Marion Baruch. Cette série de neuf photographies argentiques disposées sur trois cartons souligne l'étroite relation entre le tissu et le corps féminin. Elle s'intéresse ici au rapport du corps à la société, dans un contexte marqué de libération de la femme. L'artiste porte son regard sur la manière dont le textile se construit en boite de dialogue avec l'extérieur, introduisant une conception artistique aux formes féminines.
Le corps dissimulé sous l'étoffe oscille entre sculpture et performance, mettant en lumière le mouvement féminin au contact du tissu, et son importance au sein d'une société marquée par l'objectivation et l'instrumentalisation du corps des femmes. Ainsi, Marion Baruch dans cette oeuvre décrit une époque, en s'inscrivant dans la lignée de l'art féministe des années 1970.
Image : 30 x 30 cm chaque
Encadrement : 42 x 73 cm (encadré)
La pelote est un motif récurrent dans le travail de Decebal Scriba dès la fin de ses études. Elle se charge d'une forte dimension symbolique et philosophique, la corde renvoyant à l'idée d'un trajet initiatique, ou encore au fil de l'existence. Composée d'enchevêtrements de fils tantôt ordonnés, tantôt chaotiques, elle introduit une réflexion sur les dilemmes existentiels.
Ceux-ci sont mis en exergue dans les tirages argentiques The clew II, où une pelote est déposée par un passant inconnu sur le rebord d'une fenêtre, avant d'accompagner dans l'image suivante les éléments essentiels à la vie, le pain et l'eau.
Ce symbole est également exploité sous forme dessinée lors d'expositions étatiques et, sous couvert de sobriété et d'innocence, permet à l'artiste d'échapper au risque de censure.
Expositions:
- Passages, Galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris, France, 2019
- Memory Clouds, commissariat Ami Barak, Galerie Anca Poterasu, Bucarest, Roumanie, 2018
- Decebal Scriba & Serge Spitzer, 40 years after, Biennale d'art contemporain Art Encounters, commissariat Ami Barak, Timisoara, Roumanie, 2017
Bibliographie:
- Decebal Scriba, 70s - 80s Works, sous la direction d'Olivia Nitis, éditions Verlag Kettler, 2017, p.76 et p.101
Image : 30 x 90 cm
Encadrement : 42 x 103,4 x 3,5 cm
Untitled (Void study) est la capture photographique d'une percée rectangulaire dans un sol jonché d'herbes. L'image, devenue obsessionnelle pour l'artiste, a trouvé son sens lors de son basculement en négatif. Elle évolue alors en un questionnement autour de la notion de vide et de plein, atour de l'existant et de l'inexistant, de la vie et de la mort. Par l'investissement du champ philosophique, l'artiste nous invite à interroger des définitions faisant consensus afin d'en évoquer la complexité.
Impression jet d'encre
Image : 91,5 x 137 cm
Papier : 91,5 x 137 cm
À partir de 2012, Seton Smith entreprend de photographier des maisons dans différentes régions étasuniennes. En utilisant le noir et blanc, et en passant par une mise au point plus nette, elle modifie légèrement sa technique de photographie pour produire des oeuvres dans la continuité de son travail de décodage des éléments de pouvoir en architecture.
Selon elle, la maison et plus généralement l'architecture, façonnent l'individu. Et inversement les bâtiments, habitats privés ou établissements publics, portent en eux les traces des tranches de vie qui s'y sont déroulées et la mémoire des présences humaines humaines qui les ont habités.
Dans ces longues séries de photographies, réalisées comme un road trip à travers le territoire américain, c'est toute l'histoire individuelle et globale du pays qui se devine et se ressent face à ces maisons solitaire.
C-Print
Image : 122 x 122 cm
Dessinée et réalisée par Tony Smith en 1951, cette ‘‘ Guest House ’’ (maison d’invités) est une propriété privée située à Guilford, dans le Connecticut. Invitée dans cette maison par hasard, Seton Smith fut frappée de retrouver le minimalisme architectural de son père. Elle réalisa alors une série de quatre photographies intitulée Guest House.
Composée d’une chambre à chaque extrémité, d’une salle de bain et d’une cuisine centrale juchée sur des pylônes surplombant le Long Island Sound, cette maison rappelle l’efficacité du modernisme par son design sobre et modeste. De plus, la vue de l’estuaire anime le lieu, qui apparaît comme perché dans l’espace.
S’appuyant sur cette architecture minimale, elle la fait disparaître dans la perspective comme une manière de jouer avec l’héritage architectural familial.
Expositions:
- Kiki Smith, Seton Smith, Tony Smith, Kunstmuseum, Vaduz, Liechtenstein, 2013
- Kiki Smith, Seton Smith, Tony Smith, Les Abattoirs, Toulouse, France, 2013
- Kiki Smith, Seton Smith, Tony Smith, Bielefeld Kunsthalle, Allemagne, 2012
- Winston Wachter Gallery, Seattle, Etats-Unis, 2007
Bibliographie:
- FRANGNE Pierre Henry et LIMIDO Patricia, Les inventions photographiques du paysage, presses universitaires de Rennes, 2016, p. 28
- MESCHEDE Friedrich (HG.), Kiki Smith, Seton Smith, Tony Smith, Bielefeld Kunsthalle, Bielefeld : Kerber Christof Verlag, septembre 2012, p.49
Image : 110 x 160 cm
Figure pentagonale est le titre d'un ensemble de six photographies, en apparence similaires, mais qui présentent chacune de subtiles différences. Chaque image met en scène la même femme dans deux positions différentes, juxtaposant ainsi deux temporalités: l'une dessine un pentacle au sol à l'aide d'une craie, alors que l'autre manipule le tapis qui recouvre la scène d'un théâtre. Appelant au registre de la magie, le livre situé sur la photo suppose pouvoir influer sur le cours du temps en modifiant la fortune par le hasard, et notamment la probabilité de gagner aux jeux.
Cette série propose une réflexion sur la causalité, et notamment sur l'existence du hasard et de la fortune. Chaque petite particularité propre à chaque photographie reflète des causalités différentes, qui laisse entendre dans une conception pascalienne que le hasard n'existerait pas. Seule la causalité qui puise sa source dans le futur - la fortune - est une clé pour expliquer l'événement présent.
Image : 140 x 93 cm
Blue Beckett représente la maquette de la maison que Samuel Beckett avait construit à Ussy-Sur-Marne et qui fut sa demeure pendant de longues années. C’est dans ce lieu qu’il produisit la plupart de ses écrits. Ici, Laurent Montaron photographie la réalisation de la maquette, afin de mettre en scène et se replonger dans le décor où le dramaturge a imaginé son œuvre. Cela permet de retourner le curseur du rapport à la scène, en divulguant le théâtre de l’imagination de l’écrivain. Le choix de garder le scan du négatif brut et sans retouche donne ce caractère bleuté au tirage. Il participe au jeu de déplacement de la scène en soulignant le processus de réalisation de l’œuvre.
Image : 97 x 120 cm
Papier : 97 x 120 cm
Cette photographie d'une salle du Musée Insel Hombroich près de Dusseldorf s’inscrit dans la continuité du minimalisme architectural qui caractérise le travail de Seton Smith. La perspective emmène le regard vers l’extérieur en contraste avec l’intérieur de la pièce très claire et en apparence vide.
Témoignage fantasmagorique d’une absence, cette photo invite le spectateur à se projeter dans l’univers de la mémoire des œuvres et pénétrer l’image afin de ressentir leur présence en contrepoint.
Tirage lamba
Image : 9 x 12 cm
Encadrement : 25 x 28 cm
Vanishing Island est une série d'images capturée sur le site naturel de Bonneville Salt Flats lors d'un séjour aux Etats-Unis de l'artiste. Cet immense désert de sel, ancien lit d'un lac géant est situé au nord-est de l'Utah. Il a pour caractéristique d'être la plus vaste surface plate au monde. Sa singularité l'amène régulièrement à se constituer en théâtre des records, notamment lors de la Speed Week, une semaine de courses automobiles de vitesse. Il est également une source d'inspiration pour des artistes comme Nancy Holt et ses Sun Tunnels. Julien Discrit dans une série de cinq photos, utilise la surexposition pour accentuer la perte de repères procurée par cette étendue blanche et ininterrompue. Il réalisa, lors du même séjour, une vidéo intitulée Speed of eye.
Image : 50 x 70 cm
Le monde forclos est une photographie dans laquelle apparaît le visage d'un enfant éclairé par une lueur sortant d'un coffre-fort. Le clair-obscur nous laisse penser que la lumière qu'il découvre dans l'entrebâillement de la porte est celle du jour. Le titre nous invite à envisager l'image comme une inversion du monde, le terme forclos en forme d'oxymore signifiant dans son acception courante « enfermé à l'extérieur ».
Image : 95 x 120 cm
© Laurent Montaron
Image : 60 x 71,5 cm
L'Ange de Nagasaki est la représentation d'une statue mutilée par la bombe atomique larguée sur Nagasaki le 9 août 1945. Faisant autrefois partie intégrante de la cathédrale d'Urakami, ce visage angélique fut offert comme symbole de paix à l'UNESCO en 1976 par le gouvernement japonais. Il fut dès lors placé dans les jardins de l'institution à Paris. La statue originale est donc tout à la fois document et monument en ce qu'elle fut le témoin direct du cataclysme atomique et dans le fait que les stigmates liés à cet évènement lui confèrent une forte portée symbolique. Un monument donc qui se souvient de lui-même.